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Interviewé par Tucker Carlson, Vladimir Poutine déroule sa vision d’une Russie provoquée par Kiev et les Occidentaux

Si l’ambition de Tucker Carlson était de faire entendre une parole jamais entendue, comme le clamait l’animateur de télévision avant d’interviewer Vladimir Poutine, l’exercice est raté. Cet entretien de deux heures, diffusé jeudi 8 février au soir et qui a attiré des millions de curieux ou d’admirateurs des deux hommes sur le réseau social X, n’a rien révélé de nouveau quant à la vision qu’a le président russe de l’Ukraine, du monde ou de son propre pays. Celui-ci a, en revanche, pu se présenter au public américain sous son meilleur jour, celui d’un dirigeant raisonnable et expérimenté, plein de compassion même pour les errements de l’Amérique, sans être le moins du monde contesté.
M. Poutine a commencé cette interview, la première avec un professionnel des médias occidental depuis l’invasion de l’Ukraine, par un quasi-monologue de près d’une demi-heure naviguant entre la dynastie des Riourikides (qui a régné sur la Russie du IXe au XVIe siècle), les invasions de Gengis Khan et le corridor de Dantzig pour arriver, archives en main, à cette conclusion cent fois formulée : « L’Ukraine est un Etat artificiel » et, selon lui, « les Ukrainiens se sentent encore russes ».
« Oui, oui, Tucker, nous avons droit à ça tous les deux ou trois mois… », ne pouvait s’empêcher d’ironiser la chaîne Telegram Rybar, pourtant ultranationaliste – l’arrivée de M. Carlson à Moscou puis l’annonce de l’interview ont suscité une telle excitation en Russie que certains médias propouvoir retransmettaient ou commentaient en « direct » cet entretien diffusé à 2 heures du matin.
Autre conclusion : « Ce n’est pas nous qui avons déclenché cette guerre (…). Nous nous défendons, nous défendons nos compatriotes, notre patrie, notre avenir. » Les arguments, là encore, sont connus, depuis les supposées promesses de non-élargissement de l’OTAN à l’Est au « coup d’Etat » de Maïdan en 2014. Pour montrer sa bonne volonté, Vladimir Poutine rappelle ses discussions avec Bill Clinton, au tout début des années 2000, sur une éventuelle entrée de Moscou dans l’Alliance atlantique. « Personne ne nous a écoutés », répète-t-il à plusieurs reprises.
Malgré l’énumération des griefs (depuis le « soutien de la CIA au terrorisme dans le Caucase » jusqu’au sabotage des gazoducs Nord Stream, attribué à Washington), c’est là le cœur du message qu’a cherché à faire passer le président russe : que les Etats-Unis laissent Moscou régler ce qui n’est finalement qu’une affaire interne. « Si vous arrêtez de fournir des armes [à Kiev], ce sera terminé en quelques semaines », a-t-il insisté, jugeant une défaite de la Russie « impossible ». « Vous n’avez rien de mieux à faire ? Vous avez des problèmes à votre frontière, des problèmes avec la migration, des problèmes avec votre dette souveraine… »Les Européens sont réduits au rang de simples « satellites » jouant contre leurs intérêts.
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